En attendant…

Ce matin, je suis allée à l’hôpital pour des prises de sang, un simple bilan de santé!

D’abord, je me demande souvent pourquoi l’on prévoit être malade. Je sais bien que dans les faits, procéder à des suivis médicaux a pour objectif de prévenir les maladies. En soi, c’est bien, mais penser un instant, juste l’action de prévenir est totalement fausse à moins que votre docteur ne soit un excellent médium. On ne prévient rien du tout, si le médecin trouve quelques choses c’est qu’il y a quelques choses… Souvent, on parle de prévenir une maladie plus grave qui pourrait découler du petit bobo initial, mais pas forcément! Le corps est bien fait, il s’occupe souvent de guérir de lui-même sans intervention médicale. On parle souvent d’engorgement et d’inefficacité du gouvernement et du système de santé, mais on nous apprend à consulter juste au cas… La société engendre une névrose collective des besoins de santé! Dans tout ce tourbillon obsessionnel de santé et de consultation souvent inutile parce que dans la plupart des cas, on n’a rien du tout! On envoie donc à notre cerveau le message qu’un jour on sera malade et qu’on n’aura pas tout fait ça en vain. N’est-ce pas intéressant de se pencher sur la question des signaux inconscients qu’on se donne? Je vous dis ça et je ne pourrais pas me résoudre à me passer de ma petite consultation annuelle… parce que j’ai bien appris ma leçon du « juste au cas ».

Dans un autre ordre d’idées, avez-vous remarqué comme attendre est une activité en soi. Une très mauvaise activité certes, mais quand même! Il y a les « Lecteurs », ils amènent un livre, mais la plupart du temps, au lieu de lire, on les voit regarder partout. D’autres prennent les superbes revues, disons, rétrospectives du mois voire de l’année précédente et feuillètent frénétiquement les pages et regardent les titres et les photos des « vedettes » d’Occupation double. Si vous voulez avoir l’air plus sérieux, vous pouvez toujours consulter le Rapport annuel de l’hôpital. Mais sincèrement, je n’ai jamais vu quelqu’un même prendre un de ces documents. Et sans compter les milliers de brochures; la santé mentale, l’alcoolisme, les centres d’écoute… En prenez-vous une? C’est pour votre ami? Tous ces « Lecteurs » ne peuvent finalement pas s’adonner à ce passe-temps puisque déjà ils sont occupés à attendre.

Vous remarquez sans doute toujours les « Conteuses », généralement des dames âgées avec une loquacité et un manque d’inhibitions incroyables : « Ah oui, moi, mon père est venu pour une colonoscopie! ». Êtes-vous sérieusement en train de raconter ça à un inconnu? Le plus drôle c’est quand la « Conteuse » n’interprète pas les signaux rébarbatifs de son interlocuteur! « Ahan… » répond-il les yeux ailleurs avec les jambes et les bras croisés! Je suis chanceuse, aujourd’hui, je ne suis pas cette personne qui cherche à interrompre la conversation.

Tant qu’à moi, aujourd’hui, je correspond à la « Marcheuse »! C’est-à-dire la personne qui s’agite continuellement sur sa chaise; regarde l’heure d’un côté, se retourne de l’autre pour voir l’écran de télévision, se lève, marche, change de siège pour mieux voir l’écran, se relève pour aller faire un appel « ouin, ça va être long…j’ai le numéro 152 et ils sont à 90! ». Je retourne m’agiter dans la salle d’attente… Je regarde encore la série de numéros rouges! Rouge, agressant, comme pour me narguer du délai d’attente qu’il y aura entre celui qu’il affiche et le mien! La dame qui parlait plus tôt est maintenant rendue à dire à quel point elle est malade. Celle à côté de moi laisse tomber par mégarde son portefeuille entre les sièges. Je remarque son inconfort, je me penche et le ramasse. « Ah mon dieu, merci! C’est vraiment gentil! Chu pu toute jeune, j’ai la hanche amochée, vous savez! ». Je la regarde et lui souris légèrement :

« De rien!

– Ben, je vous remercie quand même quand on a la hanche maganée, c’est pas facile!

– Ahan »

Dans ma tête, je crie: « NONNN, pas une Conteuse! ». Elle n’ajoute rien d’autre. Ouf! J’y échappe de peu, elle semble avoir vue mon manque d’intérêt et se tait. Dieu du ciel, est-ce que je deviendrai comme ça? Impossible! Mais remarquez que je suis quand même en train de vous raconter mon temps d’attente à l’hôpital!

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 Ah! C’est mon tour! J’espère que vous avez aimé attendre avec moi! ; )

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2 commentaires

  1. Julie

    C’est un plaisir de te lire Rachel. Ton texte est à la fois humoristique et réaliste… 🙂

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